La maison

L'homme n'a rien inventé, la nature fait cela depuis des milliards d'années. La chrysalide ou cocon du ver à soie et autres chenilles de papillon en est le plus bel exemple. La marmotte qui s'enterre tout l'hiver alors que dehors il fait moins 25°C: il faut dire que la neige isole aussi bien que le polystyrène et que la marmotte est isolée par l'extérieur par plusieurs mètres de neige. Et tous les autres petits mammifères qui vivent au fond d'un terrier autant pour se protéger des prédateurs que pour garder leur nichée au chaud.

Mentionnons également les chalets de haute montagne. Les montagnards y vivaient enfermés avec leur troupeau qui leur servait de chauffage basse température, et ils étaient isolés par l'extérieur par une couche de deux mètres de neige sous laquelle les chalets étaient complètement ensevelis. Signalons aussi les fermettes de nos campagnes, exposées plein sud, isolées est et ouest par les étables et les écuries, au nord par l'appentis à bois et à fagots, avec un plafond en torchis de paille (excellent isolant) et un grenier à foin et à céréales.


Isolation de la maison Alors isoler son habitation par l'extérieur, c'est construire une maison traditionnellement comme il y a quelques dizaines d'années et l'emmailloter dans de l'isolant.
Comme vous pouvez le constater sur le croquis ci-contre il n'y a plus de ponts thermiques.Il ne peut plus y avoir de ponts thermiques.

Il reste la semelle des fondations, elle est à au moins 80cm de profondeur, il ne géle jamais, il n'y a pas de vent et si on veut être perfectionniste jusqu'au bout des ongles on peut couler les semelles sur 4 à 5cm de styrodur ou autre matériau isolant compact qui supporte largement les mêmes pressions au cm2 que la terre du sous-sol.

Il reste aussi les fenêtres ou plus exactement les seuils des fenêtres et surtout des portes-fenêtres et des portes. Si on ne prend pas garde on aura de magnifiques ponts thermiques, néanmoins localisés aux ouvertures et non sur toute la périphérie de l'immeuble au droit de chaque dalle.
C'est le seul point délicat de la construction. Nous allons y revenir.

Voyons les murs, ils sont au chaud, ils sont donc secs et moins conducteurs de la chaleur que lorsqu'ils sont humides. Ils rayonnent la chaleur qu'on leur apporte. En été ils ne sont pas au soleil donc conservent la fraîcheur de la nuit. La maison se comporte comme une grotte: tiède en hiver, fraîche en été. C'est la grotte de l'homme des cavernes, le terrier de la marmotte, le cocon du ver à soie.
Une chaleur douce se propage dans les murs qui rayonnent dans toutes les directions ce qui apporte un confort thermique inégalé.
Les ponts thermiques sont devenus nos alliés: ils conduisent la chaleur de la dalle vers les murs. On ne peut pas trouver meilleurs radiateurs: grands, basse température, conducteurs, grande inertie. C'est pour cela qu'il ne faut pas trop isoler la chape de chauffage par rapport à la dalle porteuse, mais qu'il faut bien isoler la dalle porteuse par rapport à l'extérieur. Le fait d'inverser le procédé, inverse toutes les relations et doit inverser les mentalités et les a-prioris.

Rien que par la suppression des ponts thermiques comme nous l'avons précédemment démontré, et comme le montrent les courbes du CSTB, le coefficient d'isolation est deux fois meilleur que pour une isolation par l'intérieur. En isolant sérieusement les chapes et en isolant les seuils on multiplie, comme nous le verrons plus loin, le coefficient par trois, ce qui permet avec une bonne marge de sécurité, de diviser la puissance de l'installation de chauffage par deux, donc de diminuer significativement son prix.
Le fait que la maison soit particulièrement peu gourmande en énergie de chauffage permet également de profiter pleinement des apports extérieurs, par exemple en hiver quand il fait soleil. Celui-ci chauffe le carrelage qui propage ensuite cette chaleur dans la maison, par la chape et par l'eau qui circule dans le circuit de chauffage. Les bonnes journées on peut récupérer jusqu'à environ 1 kWh par m2, avec 5 m2 de fenêtres bien exposées cela suffit pour chauffer la maison.
Une chaleur qu'on oublie souvent de mentionner est celle des êtres vivants. Une marmotte ou un lapin du Groenland n'a pas d'installation de chauffage dans son terrier. Vous avez certainement remarqué lorsqu'il y a un "pot" dans votre société qu'en entrant dans la salle de réunion, par temps frais, il fait frais. Au bout d'une demi-heure on ouvre les fenêtres et certains disent : l'alcool réchauffe. Ce n'est pas l'alcool qui réchauffe ce sont ceux qui le consomment. Chacun d'entre nous dissipons environ 2,5 kWh par jour pour une activité calme. Lorsqu'il fait frais aux environ de 12 °C, quatre personnes, plus un peu de cuisine et quelques ampoules alumées, suffisent à chauffer la maison. N'oublions pas que la VMC double flux (avec échangeur) participe aussi à la conservation de la chaleur.
Le four à pains, le four à pizzas, grâce à leur enveloppe massive conservent et répartissent la chaleur.
Les murs isolés par l'extérieur, grâce à leur inertie et à leur conductivité conservent et répartissent une chaleur douce et isotrope, en été ils maintiennent une fraîcheur confortable. C'est l'opposé de l'isolation intérieure qui n'a aucune inertie et aucune conductivité.

L'air étant chauffé à basse température par les murs, conserve son degré hygrométrique et donc sa conductivité, ce qui permet d'avoir un écart de température faible entre l'air et les murs et d'avoir un bon équilibre des échanges thermiques par rayonnement et par convection. Cet équilibre est à la base du confort thermique.